DES FRUITS DE LA PRIERE « FETEZ DIEU » A SAINT-MERRI
Quelques résultats d’une enquête
« A nouveau en communion, ce que je ne parvenais plus à
vivre dans d’autres églises, m’y sentant «
déplacé »… »
A Saint-Merri, qu’avez-vous fait de vos sœurs et de vos frères
homosexuels ? (cf. Gén. 4, 9 et 10). Chacune, chacun pourra donner
une réponse personnelle, mais vous avez déjà donné
une réponse collective à cette question : vous avez ouvert
les portes de votre église - et le bâtiment, et la communauté
- à ces SDF de la spiritualité généralement
ignorés, quand ils ne sont pas exclus des communautés
chrétiennes. Vous avez répondu à leur besoin essentiel
d’être reconnus et accueillis en tant que groupe dans leur
spécificité, et non seulement en tant qu’individus
dispersés et fondus dans l’anonymat de la masse qui masque
la gêne aussi bien de l’accueilli que de l’accueillant.
Sous l’appellation de « Fêtez Dieu », depuis
plusieurs années l’association David et Jonathan anime
une soirée de prière à Saint-Merri chaque deuxième
vendredi du mois. Une enquête a été menée
cette année auprès des participants à Fêtez
Dieu. Des 50 questionnaires distribués, 39 nous sont parvenus
en retour. Voici quelques réponses à la question sans
doute la plus importante : « Qu’est-ce que je retire de
la soirée de prière ? »
* sur le plan personnel : l’apaisement, le réconfort. «
Un moment spirituel très fort », « je vais mieux,
plus en accord avec ma foi et avec moi-même », « c’est
là que je peux souligner les aspects positifs et heureux de ma
vie », « source de réconfort », « je
me sens plus tranquille », « un temps de grâce »,
« quasiment mon seul rendez-vous avec Dieu ; j’ai du mal
à prier tout seul », « cela me sert à approfondir
ma foi », « un temps de paix intérieure, de nourriture
spirituelle ».
* sur le plan collectif : l’authenticité, le sentiment
de communion, la joie intérieure partagée.
« Faire, enfin, partie d’une communauté où
l’on est vraiment soi », « une concrétisation
de ce que je suis venu chercher à David et Jonathan »,
« un moment de sincérité en commun », «
sentiment d’appartenance à un même corps ; on n’est
pas chrétien tout seul », « heureux de rencontrer
et de partager un moment de spiritualité avec des gays »,
« ambiance chaleureuse, faire Un », « apprendre à
découvrir et à partager la prière des autres »,
« à nouveau en communion, ce que je ne parvenais plus à
vivre dans d’autres églises, m’y sentant «
déplacé »… », « Enrichissement
et diversité des sensibilités », « ne plus
être seul dans la foi », « prière joyeuse,
non lénifiante », « je sens quelque chose de fort
que je ne peux pas expliquer », « le Notre Père,
la prière des prières, reste le moment le plus fort vécu
avec mes frères homos croyants », « Merci à
tous de me permettre de les rencontrer avec leurs doutes, leurs souffrances,
leurs espérances… »
David et Jonathan vous offre ce bouquet de témoignages qui représentent
autant de raisons d’espérer
Gerardo RAMOS
QUELQUES INFORMATIONS SUR » LA MAISON DE SAINT MARTIN DE PORES
»
A MONTEVIDEO EN URUGUAY
A proximité de la paroisse de « Notre Dame du rosaire et
Saint Dominique » se trouve un hôpital, où des femmes
du monde rural amènent leurs enfants pour des soins.
Cela pause un problème financier grave, puisque ce pays ne dispose
pas de régime de sécurité sociale, à part
quelques aides ponctuelles, ni de structure d’accueil pour les
mamans.
Le groupe de pastorale sociale de la paroisse, mesurant la précarité
de la situation, a créé
la « Casa », en 2001, afin d’accueillir celles qui
sont sans ressource.
La maison, proche de l’hôpital, est louée.
Au début, la « Casa » fonctionnait comme un foyer
de nuit, puis, sous la pression de la demande elle a été
ouverte également dans la journée.
Un personnel permanant aide les mères à assumer et à
améliorer leur situation familiale.
Par exemple : inculquer des notions d’hygiène pour certaines
et création de groupes de parole permettant aux femmes d’exprimer
leur souffrance devant la maladie ou la mort de leurs enfants
(le taux de mortalité infantile : 13.1, en France : 5)
Un extrait d’une des lettres envoyées par une mère
au personnel et aux résidentes de la « Casa » témoigne
de l’importance de cet accueil :
« Bonjour, comment allez-vous ? Je désire de tout cœur
que tout marche vraiment très bien. Je vous précise que
j’ai reçu les 2 lettres : celle de Milica et celle que
vous avez toutes signée. Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir
qu’elles m’ont fait. Je me suis sentie tellement réconfortée
de savoir qu’entre nous restent un bon souvenir et une réelle
amitié. Vous savez ?
Il y a des soirs où je voyage dans l’imaginaire et je
vous vois chacun et c’est tellement agréable de me souvenir
de tout ce que j’ai vécu là-bas : ce fut très
intense, très difficile et dur. Mais les bons moments ont tellement
amorti que je me sens apaisée. Je suis de celles qui pensent
que la mort ne me sépare pas de mon fils, parce que je le vois,
je l’écoute et je le sens tellement en moi que parfois
quand je me penche c’est comme si je le sentais endormi contre
moi. Ne croyez pas que ça me fasse mal. Je ne comprends pas pourquoi
tout cela m’est arrivé mais je veux vous dire que maintenant
ma famille entière a mûri complètement. Nous sommes
tous très unis. Nous nous parlons mais le plus important est
que nous nous écoutons. Alors je pense que tout ce que nous avons
vécu et souffert n’a pas été vain.
Wilma, on regrette tes grognements pour la propreté et ton éternelle
préoccupation pour savoir si j’avais mangé. C’était
bon de savoir que quelqu’un s’en préoccupait. Cela
m’aidait à ne pas me sentir si seule.
Carmen, la nuit avant les évènements, je ne sais si tu
t’en souviendras, quand je dansais et chantais avec la petite
fille de Julia parce que je sentais que le lendemain tout serait différent
et tu sais que ce fut ainsi. Santiago n’a pas survécu,
mais à présent je sais qu’il est dans un lieu bien
meilleur et qu’il ne souffre plus. A ce moment-là, je ne
le savais pas. Mais maintenant, si ! Milka, ton caractère joyeux
et ce rire contagieux et ces moments de « saine folie »comme
tu les appelais furent très bons et apaisants bien souvent. C’est
pour ça et pour beaucoup de choses qu’aujourd’hui
je vous dis « merci, merci beaucoup pour être ce que vous
êtes et ce que vous avez été avec moi ». Embrassez
beaucoup toutes les mamans que j’ai connues, affections toutes
particulières, un million de baisers et plaise à Dieu
que je puisse vous voir bientôt ! Ani »
A l’origine, en 2001, les frais de fonctionnement étaient
pris en charge par les cotisations de la communauté paroissiale,
sous forme d’abonnement, à cela j’ajoutais la contribution
de la congrégation des dominicaines. Rien n’a été
demandé aux familles afin de ne priver personne de l’accueil.
Mais il arrive souvent que les mamans fassent des dons en nature pour
remercier de l’aide reçue (nourriture, couvertures, jouets…)
En 2002 le pays a subi une forte crise économique qui fait qu’un
bon nombre de cotisants se sont trouvés dans l’incapacité
d’honorer leur participation.
Des recherches de compensation d’aides ont été partiellement
trouvés par des dons d’entreprises et d’institutions.
(l’état ne verse rien…) Il reste malgré cela
un déficit.
La commission partage a décidé d’apporter son soutien
à cette cause, sa mission étant d’établir
des liens avec des communautés d’horizons les plus divers.
Plus que la modestie de l’aide financière, ce don a pour
signification un soutien d’espérance pour que des êtres
soient debout, vivants, ici et ailleurs.
Thérèse GARNIER et Marie-Hélène PERROT
LA COMMISSION PARTAGE EN 2007
Pour 2007, la commission partage a décidé :
- d'arrêter de soutenir le projet de l'ASOPEC en Bolivie, d'une
part parce que cela faisait 4 ans que nous le soutenions, et d'autre
part suite à une lettre de notre correspondante là-bas
que nous avons publiée dans "le papier" de juin 2006
.
- de ne pas soutenir de nouveau projet en Inde. Notre engagement pour
2006 était de permettre à Sitha Dairy de terminer un programme
d’aide à des pêcheurs qui avaient tout perdu suite
au tsunami et qui n’avaient pas d’autres choix que de retourner
dans les terres et prendre une activité agricole.
- de continuer à financer pour la 3ème année, avec
le Collectif des sans papiers du 19ème arrondissement, le projet
de construction d'une école à Monea au Mali. Cette école
a été inaugurée en octobre mais il y a encore de
grands besoins d'équipements.
-
Une nouvelle projection du film Foroba qui raconte la vie des immigrés
de Monea ici et la vie de ceux qui sont restés là-bas
est prévue avec les groupes Ado.12-15 ans et Jeunes 16-18 ans
de St Merri, projection qui sera ouverte à tous. Elle aura lieu
le DIMANCHE 10 DECEMBRE 2006 après la célébration,
dans la salle blanche.
- d'aider encore un an la Maison de San Martin de Porres en Uruguay.
- de participer au fonctionnement d'une école dans la banlieue
d'Assuncion au Paraguay suite à la rencontre de Luzinha, une
religieuse brésilienne, avec qui St Merri a depuis longtemps
des liens. Elle a fait partie du Groupe Amérique latine ; elle
est intervenue à la rencontre qui a suivi la célébration
pour Don Helder Camara le 21 novembre 2004…
Luzinha viendra nous présenter ce projet à l'issue de
la célébration le dimanche 26 novembre, de 13h à
14h.
Les membres de la Commission Partage ont encore d'autres projets mais
souhaitent que l’ensemble de la communauté du CPHB s’implique
en leur faisant des propositions. N’hésitez pas à
nous contacter. Merci !
Myriam GLORIEUX pour la Commission Partage
HUMEUR DES CHRYSANTHEMES
Après la Toussaint (nous sommes tous, saints, dit mon ami le
pasteur) le jour des morts.
Le plus honoré n’a pas de nom, il repose sous un arc de
triomphe : flamme du souvenir, couronnes de fleurs, drapeaux, Chirac,
sonnerie aux morts. La République fait bien les choses.
Pendant ce temps, dans le moindre village de France, entre l’église
et la mairie, le « monument aux morts » reçoit l’hommage
des vivants.
Ceux-là ne sont pas anonymes : longue liste de leurs noms. Si
nombreux pour un si petit village ! On a ajouté une liste plus
courte, ceux de la dernière guerre.
Je me prends à penser que ces monuments, plutôt fâcheux
du point de vue artistique, sont le signe d’une vraie mutation.
Avant on élevait une statue aux hommes célèbres.
Nous, nous sous souvenons de nos humbles morts, âmes héroïques
ou pauvres victimes terrorisées, ils ont nom.
Comme chacune de nous, unique et irremplaçable au regard du Seigneur.
Evelyne BOUFFANAIS
LES CONSOMMATEURS...
C’est souvent avec un certain mépris que l’on parle
des consommateurs de St Merri, ceux qui ne s'engagent pas, les parasites
en quelque sorte.
Depuis toujours cette attitude me met mal à l’aise, Pourquoi
ce rejet ?
Il est tout à fait légitime de ne pas avoir d’engagement
ou de ne pas vouloir entrer dans le système (puisqu’il
n’est pas nécessaire d’avoir la carte du Parti pour
venir !).
Il y a un temps pour tout, n’en déplaise aux moralisateurs
de tout poil, un temps où l’on milite, un temps où
l’on profite, un temps où l’on écoute et un
temps où l’on s’exprime, un temps où l’on
accueille et un temps où l’on s’invite et c’est
normal !
Oui, il y a des moments - peu importe les motifs et il n’y
a pas de jugements à faire - où l’on est vidé,
fatigué, la tête pleine des enfants, de soucis, de doutes,
de travail, de santé... que l’on ne veut que déposer
lors d’un moment privilégié.
Pourquoi ne pas se réjouir de la venue de ces personnes ?
Un des principes fondateurs de la communauté est, que je sache,
l’accueil, propos repris sans fin.
Accueil du passant, nécessiteux espérant une aumône
ou touriste indifférent à notre foi mais seulement sensible
au bâtiment, accueil du mélomane lors des concerts, accueil
des sans-papiers, sans-travail, sans-logement : ce sont en quelque sorte
nos « pauvres » et l’on s’en glorifierait facilement.
Mais accueillir celui qui traverse Paris, ou plus, parce qu’il
souhaite tout simplement participer - consommer - une célébration,
dans une communauté d’élection (donc qu’il
a choisie volontairement), pour sa forme, ses expressions... parce qu’il
s’y trouve bien, parce qu’il peut se décharger, ou
recharger ses batteries jusqu’à sa prochaine venue, c’est
moins une évidence, pourquoi ?
Ne peut-on admettre qu’on puisse choisir une communauté
- une parmi d’autres bien sûr - parce que c’est
un endroit où l’on respire, où l’on se construit
- reconstruit -, où l’on peut être marginal
par rapport aux disciplines de l’Eglise, où l’on
ne pose pas de questions, mais où l’on peut se poser, où
l’on n’est, normalement, pas culpabilisé, où
l’on peut être soi, indépendamment de son histoire,
de son statut social, de son identité (vous savez la messe des
familles, celle des enfants, celle de tel ou tel groupe, d’un
pays d’origine)...
Alors pourquoi ne pas témoigner une tendresse particulière
à ceux qui nous apprécient (pour peut-être militer
ailleurs, être vivant autrement dans la société),
pourquoi ne pas leur trouver une place, ne pas être inventif comme
l’amour sait l’être ? Pourquoi ne pas avoir un a priori
favorable ? Positivons !
Ne jamais venir aux préparations de messe, ne pas s’inscrire
à l’accueil lors de la pastorale d’été,
ne pas inviter chez soi lors des réunions de carême, ne
pas participer financièrement à la communauté,
ne pas, ne pas ... ne sont pas péchés mortels...
Changeons notre regard sur l’autre, le différent, celui
pour lequel nous estimons qu’il doit faire un effort (être
comme nous). Réjouissons-nous de sa présence, de sa richesse,
et donnons sans compter ni attendre de retour.
Il est bien évident que la communauté n’existe
que parce que beaucoup s’investissent, réfléchissent,
inventent et partagent, ce que tous apprécient à sa juste
valeur.
Que l’on n’évoque plus des consommateurs, mais des
marcheurs, chacun à son rythme !
Sans doute j’insiste trop, mais je souhaite que la communauté
privilégie l’être au faire, pourquoi pas des Marie
plus que des Marthe !
Marie-José LECAT-DESCHAMPS
LES MOTS DE LA FOI 2006-2007
En 2004, la communauté a été invitée au
cours d’une célébration à citer les mots
ou expressions qui disent le mieux sa foi. Regroupés en 7 thèmes,
ils ont donné lieu, en 2005, à l’intervention de
« spécialistes » : théologien, artiste...
Nous vous proposons, cette année, de poursuivre notre réflexion
en communauté autour de : foi-sens de la vie / foi-libération
/ foi-amour…en commençant le vendredi 8 décembre
2006 à 19h30, sur le lien entre la foi et le sens de la vie.
Marie-Odile BARBIER-BOUVET
Centre Pastoral Halles-Beaubourg 76 rue de la Verrerie, 75004 PARIS
Tél. 01 42 71 93 93
Fax. 01 42 71 53 33 www.saintmerri.org - cphb.merri @wanadoo.