Prises de paroles

 


Dimanche 21 octobre 2012
29ème dimanche

"Que voulez-vous que je fasse pour vous ?"

Lectures
• Livre d'Isaïe (Is 53, 10-11)
• Lettre aux Hébreux (He 4, 14-16)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 35-45)


Is. 53, 10-11
Mc 10, 35-45

XXIX dimanche du temps ordinaire (année B)

Incompréhension, malentendu. Jacques et Jean réclament gloire et honneurs. Jesus leur parle de coupe qu'il faut boire jusqu'au bout, de baptême dans lequel il faut être plongé. Dialogue étrange. Et malentendu radical, en effet. Car ce qui est en jeu n'est pas une simple question de préséance ou de prestige. La méprise est d'un autre ordre. Elle concerne l'image de Dieu, la représentation d'un Dieu tout puissant, metteur en scène et acteur principal d'une dramaturgie grandiose : un Dieu qui se manifeste à grand renfort de foudres et de tonnerres, un monarque dont « la Grandeur », écrit Sylvie Germain, « est ornée de majuscules et surtout armée de tous les attributs de la force ». Ce Dieu-là suscite chez l'homme religieux - chez nous tous comme chez les disciples - une « fascination mêlée de crainte » . Car les hommes religieux aiment le spectacle, les théophanies qui procurent « tournis d'ivresse et stupéfaction »( Sylvie Germain, Rendez-vous nomades, Albin Michel, Paris, pp. 85-91) . Aiment le poids, la pesanteur de la gloire. Et ce n’est pas par hasard qu’en hébreu le mot kabod, gloire, désigne ce qui est lourd, ce qui a du poids, économique ou moral. Or, voilà le malentendu. Et le scandale. Car le Dieu de Jesus n'a rien à voir avec la puissance et la grandeur des représentations religieuses conventionnelles. Il n'est pas le Très-Haut, mais le Très-Bas, il n’est pas, ou pas seulement, le Très-Glorieux, mais le Tout-Petit, le Tout-Léger, pourrait-on dire, le serviteur souffrant qui renverse tout critère de grandeur : « Si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur?; si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous ». Et quant à la place à la droite de Dieu, elle est réservé à quelqu'un d'aussi religieux et d'aussi respectable qu'un larron cloué sur une croix.
Dans sa prison de Tegel, à Berlin, le 16 juillet 1944, quelques mois seulement avant d’être pendu par les nazis, Dietrich Bonhoeffer écrit à son ami Eberhard Bethge : « le Christ ne nous aide pas par sa toute-puissance, mais par sa faiblesse et ses souffrances. Voilà la différence décisive d’avec toutes les autres religions. La religiosité de l’homme le renvoie dans sa misère à la puissance de Dieu dans le monde. La Bible le renvoie à la souffrance et la faiblesse de Dieu?; seul le Dieu souffrant peut aider ».
Comme à Jacques et à Jean, il nous est demandé une conversion, un changement radical de l'image de Dieu : faire table rase des représentations traditionnelles pour - comme l’écrit encore Bonhoeffer - libérer notre regard et le diriger vers le Dieu de la Bible « qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance ». Et c'est là, peut-être, le prix de la Grâce.

Pietro Pisarra

Prière universelle

Seigneur, Toi qui demandais à tes disciples " Que voudriez-vous que je fasse pour vous?" alors que tu sais déjà tout ce que tu peux faire pour eux comme pour chacun-e- d'entre nous,

Nous te prions pour que, malgré nos malentendus, nos aveuglements, nos manques de courage, tu nous donnes de savoir proposer et de pouvoir dire à celles et ceux que nous rencontrons, en toute gratuité": Que voudrais-tu que je asse pour toi".

Alain Cabantous

Seigneur, donne nous de savoir mettre le service au cœur de nos préoccupations de citoyens. Nos choix politiques et économiques sont trop souvent basés sur la seule défense de nos intérêts nationaux. Apprend-nous à les remettre en question pour rechercher comment notre pays peut, de façon réaliste, mieux servir ton corps, l’humanité tout entière et en particulier les plus pauvres et les victimes de la guerre.

Martine Roger-Machart

"Que voulez-vous que je fasse pour vous?"
Seigneur, notre Père, cette question de Jésus, en réponse à une demande de Jacques et Jean, reste d'actualité pour nous ici rassemblés.
Seigneur, la mémoire vivante de la vie de ton Fils que nous célébrons dans cette Eucharistie, nous rappelle le chemin qu'Il a parcouru en donnant sa vie pour que tous aient la Vie. Voilà ce qu'Il a fait pour nous.
Ce chemin est notre vocation : aussi, nous Te demandons de nous donner la force de tenir fermes dans l'affirmation de notre foi en Toi, en ton Fils et en ton Esprit :
Que nous soyions de fidèles serviteurs.
Que notre communauté, l'Eglise qui est ici, reste ouverte à l'actualité du monde, solidaire, créative, coresponsable et libre.
Seigneur, garde nous fidèles à notre baptême, en union avec ton Eglise présente dans le monde.
Seigneur, envoie ton Esprit sur notre assemblée d'aujourd'hui et sur chacun de nous.

Marie-Thérèse Joudiou

Méditation à la manière d’une Prière Eucharistique

Il est bon, il est juste et indispensable, Dieu notre Père de nous adresser à toi pour te louer et te remercier. Le panorama de notre monde n’est pas toujours joyeux, loin de là. Les guerres continuent, les conflits ne disparaissent pas, d’autres s’allument. Ici même et ailleurs, à tous les niveaux. En même temps de lueurs d’espoir pointent, d’autres se confirment. Même ceux qui sont en guerre depuis soixante ans se retrouvent pour se parler. Nous te remercions non pas pour les conflits bien sûr, mais pour tous ceux qui travaillent à la réconciliation et la paix dans le respect et la liberté de tous.
Nous te remercions surtout pour le Christ, ton Fils, notre Seigneur. En effet, il a donné sa vie en la traversant, pleine de souffrances et de joies. Les deux. Et il en a fait un sacrifice de réconciliation. Ce faisant il a brisé le mur qui nous séparait de toi. Il a cassé la porte qui nous tenait éloignés de toi. Il est devenu ainsi notre grand prêtre, oui, notre médiateur, le passeur de vie, celui qui nous a permis de vivre de toi et par toi.
C’est pourquoi nous te remercions vivement pour lui et par lui. Et nous chantons ta gloire.

Etre dans ta gloire. Oui. Mais genre paillettes ou genre bon larron ? La vie, l’œuvre de Jésus notre Seigneur a été un scandale permanent. On ne lui reconnaissait même pas un visage d’homme, tellement il était broyé. Comme tant d’autres, massacrés et torturés. Il change nos manières de penser et de voir. Il bouleverse nos comportements et tous nos repères. Et ce renversement que ton Esprit agit en faisant de cet homme broyé le germe de la Vie, la vraie. C’est pourquoi nous te demandons, Dieu notre Père, de nous envoyer encore ton esprit de telle sorte que ce pain et ce vin deviennent les signes visibles du corps et du sang de ton Fils, notre Seigneur Jésus, notre Christ.

Réunis autour de Toi, Dieu notre Père, en communion toujours à faire, nous célébrons le mémorial de ton Fils, notre Seigneur Jésus, mémorial de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Et nous proclamons notre espérance dans son retour.
Bouleversement de taille. Branlebas radical. Gloire veut dire traverser la vie et ses souffrances. Gloire signifie servir. Comme attitude permanente, comme posture essentielle, comme horizon de vie. Nous voulons cette gloire, Dieu notre Père. Mais pour que nous ne nous trompions pas, donne-nous ton Esprit. Qu’il commence par faire de tous ceux qui partagent le Repas du Seigneur, un seul corps et un seul esprit, le Corps du Christ. Nous te prions pour l’Eglise. Tu avais donné un souffle, des énergies nouvelles lors du Concile Vatican II il y a cinquante ans. Rien n’est parfait ni achevé. Tu sais bien que de résistances, de peurs et des oppositions explicites ou sournoises sont à l’œuvre. Que ton Eglise, nous, te soit fidèle en faisant partout œuvre de réconciliation, en étant vraiment au service de tous.

Jesus Asurmendi