Prises de paroles

 

Dimanche 28 fevrier 2010

"Celui-ci est mon Fils… ECOUTEZ-LE !"

Lectures
• Livre de la Genèse (Gn 15, 5-12.17-18)
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 3, 17-4, 1)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 28b-36)

ECOUTONS LE « TOUT AUTRE » !

Partons du contexte que nous livre Marie-Noël Thabut : « Quelques jours avant ce récit de la Transfiguration, au cours d'un temps de prière avec ses disciples, Jésus leur a posé la question cruciale : ‘‘Qui suis-je au dire des foules ?’’ Pierre a su répondre : ‘‘Tu es le Christ (c'est-à-dire le Messie) de Dieu’’. Et lui aussitôt a mis les choses au point : le Messie, oui, mais peut-être pas comme on l'attendait. ‘‘Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit mis à mort et que, le troisième jour, il ressuscite.’’ Déjà il annonçait que la gloire du fils de l'homme était inséparable de la croix. »

Une fois de plus, nous ne sommes pas ici dans l’ordre de rationnel ou de logique de vérification, mais sur l’échelle d’une expérience unique, personnelle, dimension mystique. En effet, personne ne sait pourquoi il choisit ses trois disciples avec lui, ni ce qui s’est réellement passé sur la montagne. On ne sait pas aussi ce qu'ont vu les 3 sur la montagne, mais il y a un moment où ils ont "vu" (compris?) Jésus "autrement". Ici, ce ne sont plus des hommes, la foule ou les disciples, qui donnent leur opinion, c'est Dieu lui-même qui apporte la réponse et nous donne à contempler le mystère du Christ : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le».

« Dans la nuée lumineuse de la Transfiguration, analyse Marie-Noël Thabut, la voix du Père supplie ‘‘Ecoutez-le’’. Ces deux mots, ‘‘Shema Israël’’, pour des oreilles juives, c'était tout un programme. ‘‘Ecoute Israël’’ c'est la profession de foi quotidienne : le rappel du Dieu Unique à qui Israël doit sa libération ; libération d'Egypte, d'abord, c'est vrai ; mais celle-ci n'est que le prélude de la longue entreprise de libération amorcée par Dieu avec Abraham, poursuivie avec Moïse, pleinement accomplie en Jésus, pour tous ceux qui l'écouteront, justement. Le ‘‘Shema Israël’’ n'est pas un ordre donné par un maître exigeant ou dominateur... mais une supplication, une invitation.. ‘‘Ecoutez-le’’, c'est-à-dire faites-lui confiance. »

Célébrer la fête de la Transfiguration c’est chercher à nous approcher davantage du Christ Lumière qui, seul, peut changer notre regard sur les personnes et les choses. Car Il est la parole qui travaille le cœur de l'homme, de tout homme. Il inaugure la route que nous sommes appelés à prendre avec Dieu. Cette route que tant d’hommes et de femmes ont empruntée avant nous. Chemin de doutes et des questions, chemin de promesses et d’attentes aux carrefours desquels Dieu ne cesse de dire sa fidélité et sa présence dans l’épaisseur et le tragique de notre existence. Cette invitation est très actuelle : « Ecoutez-le », c'est-à-dire faites-lui confiance. Confiance devant la difficile démocratie et les limites de la liberté contemporaine, devant les questions qui nous habitent, et qui nous plongent parfois dans une sorte de ténèbres, d’incompréhensions, de désespoir. Tel est l’itinéraire du chrétien : toujours appelé à suivre le vrai guide envoyé, Jésus, qui est la route qui mène vers le Père. En vrai législateur, il éclaire toute la loi par l’amour. En vrai prophète, il est la Parole vivante de Dieu.
Pour rejoindre la plaine, pour rejoindre ce monde où se rend visible la fragilité de notre humanité, jésus dit simplement : « relevez-vous et n’ayez pas peur ». La mission de tout disciple, le témoignage à donner, c’est en effet d’être debout au milieu des tempêtes, et de ne pas avoir peur puisque le Mal est vaincu.
Ouvre nos cœurs, Seigneur, à ta présence en ce monde, (ta présence) tantôt voilée et comme recouverte d’une nuée, tantôt rayonnante tel un soleil d’été. Transfigure nos travaux et nos jours pour que nous y découvrions les traces de ton geste créateur en même temps que les prémices de la Pâque éternelle. Que ton Esprit de douceur et de force provoque nos libertés à changer le monde.

Donatus Nduluo


Dieu croit en nous

« Cher enfant de Dieu, il nous est souvent difficile de reconnaître la présence de Dieu dans notre vie et notre monde. Dans la clameur des tragédies qui monopolise la une, nous perdons de vue la grandeur présente autour de nous…

Pendant que j’étais tranquillement assis dans le jardin, j’ai soudain pris conscience du pouvoir de transfiguration - de transfiguration qu’opère Dieu - dans notre monde. Le principe de la transfiguration est à l’œuvre quand une réalité aussi prometteuse que l’herbe brunâtre dont se couvre en hiver notre veld redevient d’un vert éclatant…, quand le printemps succède à l’hiver et que la nature semble faire l’expérience de sa résurrection.

Le principe de transfiguration montre que rien ni personne ni aucune situation ne sont impossibles à transfigurer, et que la création, la nature entière, est dans l’attente… de l’instant où elle aura part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. »

Cf. Desmond Tutu, Dieu fait un rêve, Paris/ Ottawa, Desclée de Brouwer/Novalis, p. 9-11.

Prière universelle

Seigneur, nous t’offrons le fruit de notre discussion de dimanche dernier : Une dizaine d’entre nous se sont retrouvés après la célébration pour débattre de l’après Copenhague : ce sommet nous a-t-il interpellés ? comment, dans notre vie quotidienne, nous engageons-nous, ou non, pour préserver la planète :

Seigneur, Tu nous as confié la terre.
Même si les dimensions scientifiques, politiques, économiques, théologiques de l’écologie semblent nous dépasser,
même si tous nos gestes quotidiens pour respecter l’environnement sont des gouttes d’eau dans la mer,
nous sommes convaincus qu’ils expriment notre responsabilité et notre dignité.
Donne nous toujours la force de poursuivre notre engagement.

Seigneur, Tu nous as confié la terre.
Mais Tu nous laisses le choix soit de piller et de détruire ses richesses pour notre profit immédiat, soit de les préserver et de les partager pour que tous les habitants de la terre en profitent aujourd’hui et demain.
Pour que de plus en plus d’hommes et de femmes prennent conscience qu’il est possible à chacun de participer à la construction d’un monde plus juste, Seigneur nous Te prions.

Seigneur, Tu nous as confié la terre.
Nous t’offrons ces milliers de petits gestes d’attention à l’autre dans le domaine de la consommation ou de la solidarité. Qu’ils finissent par ébranler les mécanismes ou les diktats de l’économie de marché et du monde de l’argent qui veulent nous imposer leur loi.

Marie-Odile Barbier-Bouvet

 


 

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