Prises de paroles

 

Dimanche 08 mars


"Abraham répondit :
Me voici ! "

Lectures
• Livre de la Genèse (Gn 22, 1-2.9a.10-13.15-18)
• 2ème lettre de saint Paul apôtre aux Romains ( Rm 8,31b-34)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 9, 2-10)

Hommage à Jacques Mortier

Jacques Mortier, membre de notre communauté, nous a quittés il y a 10 ans déjà. Il manque à tous ceux qui l’ont connu et aimé, qui ont lu avec lui les Ecritures. Oui notre cœur est encore brûlant des paroles reçues et partagées ensemble. Il nous a laissé des poèmes, traces de sa voix, mémoire de sa présence.

Venez à la messe avec le sourire .
et avec des fleurs.
Venez rencontrer Christ
et tous les autres
qui ont dans le coeur
le même désir

Ne soyez pas sages
comme des images !
Dieu n’a pas besoin
de ces feuilles peintes.

Il vient pour des hommes qui ont grande faim,
qui chantent
et qui parlent un langage humain.

Venez à la messe avec votre faim.
Venez partager cette faim du monde
Venez déposer sur la table nue
Votre écuelle vide.

Vous qui ruminez des pensées amères,
Poison pour le sang,
Parlez à vos frères,
Ils vous comprendront.

Ecoutez leurs voix,
partagez vos hontes,
osez donc aimer
vous-mêmes et les autres.

C’est insupportable
Ces messes où les hommes
se sont alignés
sévères et roides
et comme empesés,
sans geste, sans voix,
le souffle arrêté.

Le triste repas
Où personne ne parle,
Où Dieu n’a pas son content,
Voisins qui s’ignorent pendant toute l’heure,
Où nul n’est vivant !

Qu’as-tu dans le cœur,
Voisin sans présence,
Voisin qui m’est rien ?

Le triste banquet,
celui où s’ennuie
l’enfant attaché
au banc du Dimanche.

La bonne nouvelle,
Cela rend joyeux !
On se communique
les mots et les gestes
de ce Fils de Dieu.

La vie, comme un fleuve,
cela fait du bruit,
cela déracine,
cela vous emporte !

Venez à la messe
avec le sourire.
Venez pour chanter
et pour partager
ce qui nous fait vivre.

Voir ci-dessous les autres de Jacques Mortier textes lus ce dimanche

Jésus Asurmendi


Méditation à la manière d’une prière eucharistique

Ensemble, Seigneur et Père nous voulons te rendre grâce.
Te remercier pour la vie qui se manifeste dans la nature, dans la terre, les eaux, l’air qui nous enveloppe et que nous aspirons.
Te rendre grâce
Pour ceux qui, enracinés dans la souffrance, en sortent et vivent.
Pour ceux qui, malgré les difficultés et les malheurs de toutes sortes qui les étranglent, traversent les obstacles et, tel un germe nouveau, nous offrent des fleurs de vie.
Pour ceux qui, accablés par la mort, le vide et le non-sens, réussissent à croire et à espérer nous montrant ainsi l’horizon d’une existence féconde.
Pour eux tous, témoins de vie de toi reçue, nous te remercions.
Et sur cette lancé nous voulons te rendre grâce pour Abraham.
Le champion de la foi quand la promesse semblait un mirage.
Le champion de la confiance malgré le temps qui passe et l’accomplissement qui tarde.
Le champion de la dépossession qui abandonne sa famille, son pays, ses origines.
Le champion de l’espérance au cœur de l’absurde épreuve.
Pour lui, notre père dans la foi, un grand merci.

Et, bien entendu, nous te remercions par Jésus-Christ, ta Parole, que tu nous invites aujourd’hui et demain à écouter. Lui qui accomplit et réalise la Loi et les Prophètes, Moïse et Elie.
Pour Lui et par Lui nous te remercions et nous te chantons.

Dépossession : la vie de ton Fils donnée culmine sur la croix, Quel signe plus parlant que la croix pour dire et faire la dépossession totale? Confiance : quelle meilleure expression de la confiance en Toi que son cri lancé du creuset de l’épreuve et de la souffrance : « entre tes mains je mets ma vie » ?
Accomplissement : quel accomplissement plus achevé que la vie surgie de la croix que tu lui as donnée ?
Ecoutez-le. Et il nous dit de célébrer son repas en mémoire de Lui.
Nous voici. Que ton Esprit nous vienne en aide. Qu’il fasse de ce pain et de ce vin, rompu et versé pour tous, le signe de sa présence. Le signe du corps et du sang du Christ.

Et nous proclamons sa mort et sa résurrection et en attendant la venue de ton Fils, notre Seigneur, nous te rendons grâce une fois encore.
Prêts à écouter ton Fils comme Abraham t’écouta.
Prêts à affronter les obstacles et les pièges comme Abraham, dans la fidélité à ta parole, nous avons besoin, quand même, de ton Esprit.
Qu’il fasse de nous tous et de tous ceux qui partagent le repas du Seigneur un seul corps, le corps du Christ, l’Eglise de Dieu, ton Eglise.
Que l’Esprit creuse les oreilles de ton Eglise pour qu’elle écoute Ta Parole.
Qu’elle abandonne la poussière des siècles et la lourdeur des certitudes.
Qu’elle laisse tomber les intérêts tribaux et s’ouvre à l’espérance.
Qu’elle soit une communauté de paix juste et joyeuse, et de liberté humble et créatrice.
Nous prions pour les morts et les vivants.

Attente d’Emmaüs

…mon espérance est restée enracinée
dans ce lieu de rencontre
vers lequel
nous continuons d’avancer,
compagnons des longues routes,
amis inconnus
que je rencontrerai peut-être demain
à un carrefour, vous tous que j’aime.

Avec vous
je désire toujours partager le pain,
que ce soit
les soirs de lassitude
ou dans l’attente joyeuse
de nos renouveaux.

Chaque fois

Chaque fois que s’ouvre une porte
Chaque fois que la lumière du jour
inonde un visage tiré de l’ombre
Chaque fois que dans un mur aveugle
Ton visage Christ nous apparaît transfiguré

Chaque fois que crève une guerre
avec le dernier râle
avec le dernier prisonnier libéré
Chaque fois que sur les terres brûlées et torturées
ressurgit la tâche verte des prés nouveaux-nés
Ton visage Christ nous apparaît transfiguré

Chaque fois que la peur disparaît d’un regard,
la peur, la solitude, le désespoir,
Chaque fois que la faim
est comblée par le geste du partage
Ton visage Christ nous apparaît transfiguré

Passant

Il approche, l’anonyme,
Il vient celui qui ne sait pas
qu’il va franchir un seuil.

Il ne trouvera qu’un carré d’hommes
autour d’un tapis vide.
Il ne trouvera qu’une phrase
inscrite sur la feuille légère
posée sur le lutrin,
une phrase qui s’adresse à qui,
il ne le sait,
une phrase qui vient de qui,
il ne le sait.

Et nous qui sommes à la fois
dedans et dehors,
selon l’heure,
gens de rue et gens de maison,
et nous qui parfois disons
des paroles sans les comprendre,
nous t’accueillons, Passant,
pour que tu nous révèles
ce que, sans toi, nous ne saurions.