Prises de paroles

 

Dimanche 26 octobre 2008

"Vous êtes un modèle pour tous les croyants"

Lectures
• Livre de l'Exode
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (1 Th 1,5c-10)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22,34-40)

C’est passionnant de vivre en aimant
( Mt22,34-40)

Dans le contexte biblique en question, précisons que, en face de tous ceux qui veulent piéger Jésus en tentant chaque fois de l’enfermer dans une fausse alternative, Il innove dans la tradition en allant puiser au meilleur de la parole biblique: «…Et tu aimeras YHWH, ton Elohim, de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ton intensité », propose le Deutéronome ( Dt 6, 5 - traduction Chouraqui); «Aime ton prochain comme toi-même», précise le Lévitique(19, 18).
Il les envoie dos à dos et les met ainsi devant le fait qu’ils ne possèdent pas cette vérité d’amour mais au contraire qu’ils appartiennent à cette vérité ; et personne ne peut être croyant si elle n’a pas d’abord été saisie par cette vérité d’amour. Et ce ne sont pas les 613 préceptes qui en donneront le gage, d’autant qu’en Jésus-Christ, le Dieu-Amour s’est fait plus proche de nous que nous ne sommes de nous-mêmes. Jésus essaie de faire sortir les mouvements religieux de son temps d’une tentation qui nous guette tous : chercher à mobiliser Dieu au service de nos intérêts. La question est de savoir si le christianisme, ou plus précisément le croyant, sera capable de créer des conditions favorables à un vivre ensemble. Rappelons-nous les messages des dimanches d’avant : « à César ce qui est à César et à Dieu ce qui lui est dû » ! « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ! » et « Aime ton prochain comme toi-même ! »
Avec ces dominantes, nous sommes au cœur de notre foi. C’est en croisant le chemin de l’autre que je fais mon chemin vers Dieu. Le « comme soi-même » nous sort de notre égocentrisme pluriel. C'est le don qui est source de la joie. L'amour donné au prochain nous apprend le sens profond de notre propre bonheur, comme l'amour que Dieu nous porte, nous apprend le sens profond du propre bonheur. C’est pourquoi, les obsèques de la Sœur Emmanuelle ont été tout un hymne à l’amour et à la charité. Parce qu’elle répondait à deux attentes : 1/ le dynamisme de la générosité, du partage, de l’amour proche au-delà de tout clivage. 2/ elle réconciliait la tradition hésitante de l’église et la modernité complexe par sa vérité crue (sa langue de bois) et son sens du concret avec l’autre (engagement dans la pâte de souffrance). Elle était convaincue que tous les liens d’amitié tissé aux plus petits que soi ont une valeur d’éternité, et c’est passionnant de vivre en aimant.
Aujourd’hui, laissons-nous inviter par cette page d’Evangile de Matthieu, Parole donnée au cœur de notre apostolat chrétien quel qu’il soit, Parole qui nous réveille dans rapports les uns avec les autres, elle ouvre nos oreilles à l’écoute des paroles qui nous viennent d’ailleurs (ce sont des cris de la foi, des échos de ceux qui portent leur croix au sein même de l’histoire de l’humanité). Et vivre de l’amour de Dieu à la suite du Christ appelle un engagement total : « c’est le seul bien au monde qui augmente quand il se donne », dira le Père Pierre-Yves Pecqueux (Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires). Saurons-nous porter Dieu pour aider les hommes et les femmes de notre temps à franchir les oppositions entre personnes, peuples et nations, pour entrer dans un temps de confiance et de réconciliation ?

 

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