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Dimanche 28 octobre 2007
« La prière du pauvre
traverse les nuées »
Seigneur, en ce jour où nous sommes réunis
en ton nom, que ton amour soit sur nous. Qu’il nous tienne et nous
maintienne en toi. C’est notre espoir, c’est notre espérance,
notre prière.
Prier comme on tend l’oreille à ta Parole,
Prier comme on respire à ton amour,
Prier et enraciner cette prière dans nos blessures puisque la prière
du pauvre traverse les nuées.
Prier dans un souffle, prier dans un chant.
Livre de Ben Sirac le Sage (Si 35, 12…18)
Seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (2
Tm 4,6…18)
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 18, 9-14)
Comment ne pas être frappé par le contraste entre le
début de l’Evangile et celui de la 1ère lecture. ….
« Jésus dit une parole pour certains hommes qui étaient
convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les
autres » rapporte Luc.
« Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre
les hommes » nous dit Ben Sirac le Sage.
Le Pharisien, le Publicain :
Convaincu d’être juste, le Pharisien est en règle,
il respecte la loi… merci Seigneur de n’être pas comme
les autres. Quelle tranquillité, mais quel enfermement. On devient
inatteignable. Le Pharisien n’a plus rien à attendre. Il
s’est lui-même verrouillé pour se protéger.
Le Publicain est là dans sa nudité, sa fragilité.
Il se tient à distance.
L’un et l’autre sont comme « échoués »,
mais de manière radicalement différente, car le premier
est « échoué » définitivement.
Quelle résonnance cette parabole peut avoir en nous aujourd’hui,
nous qui la connaissons par cœur ? Comment nous situons nous entre
l’homme de bien, le pécheur, le hors-la- loi ?
En réalité, nous savons bien que nous sommes à la
fois pharisien et publicain.
Et le pharisien qui est en moi méprise le publicain et le rejette.
Il faudrait pouvoir mettre fin à ce combat intérieur pour
tenter de se réconcilier avec soi-même.
C’est dans la démarche, dans le mouvement que l’on
peut devenir juste. Devenir juste, c’est toujours aller plus loin,
ce que n’a pas pu faire le jeune homme riche que Jésus avait
aimé et espéré.
Pour entrer dans cette démarche, il faut rejoindre le publicain
sur le seuil. C’est là que Jésus nous attend car tout
en écartant toute méprise sur le péché, il
ne s’intéresse qu’aux pécheurs. Envoyé
de Dieu, il mange avec les pécheurs, fréquente les prostituées,
les samaritains, les lépreux, les sourds, les aveugles, les paralytiques,
et même les femmes et les enfants !
Jésus ne nie pas le péché, mais il veut ouvrir une
brèche dans le mur que le pécheur construit pour s’exclure
lui-même. Il vient nous dire : « on ne meurt pas d’être
pécheur, ou plutôt on en meurt si on croit qu’on va
en mourir ».
La brèche entrouverte nous permet d’avancer, elle permet
de libérer notre espace intérieur et d’aller au plus
loin de notre pauvreté.
C’est la surprise qui sera au bout du chemin. Et c’est Marméladov,
l’ivrogne de Crime et châtiment qui en a la révélation.
« Au jour du Jugement, Dieu nous convoquera nous aussi : Allons
approchez, venez les ivrognes, les infâmes, venez les impudiques
! Et nous avancerons sans honte !
Et les raisonnables s’écrieront : comment ceux-là
aussi, vous les recevez.
Et Il leur répondra … si je les reçois ô vous
les raisonnables et les intelligents, c’est que pas un d’entre
eux ne s’en est jugé digne.
Et Il nous ouvrira les bras, et nous nous y jetterons. Et nous fondrons
en larmes et nous comprendrons tout ».
Dans quelques instants, Jacques nous invitera à monter au chœur…puissions
nous être tous Publicains dans ce déplacement. C’est
alors que notre prière pourra traverser les nuées.
Jean-Marc Lavallart
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