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Célébration du Dimanche 11 mars2007
J’ai entendu
le cri de mon peuple
Lectures : Livre de l’Exode (Ex 3,1…15)
Première Lettre de St Paul Apôtre aux Corinthiens (1 Co 10,
1…12)
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 13, 1-9)
Célébration animée par
le groupe chômage
Mini portrait du SNC
Disons l’essentiel !
L’essentiel, c’est que nos actions reposent sur 2 principes
: le partage du temps pour accompagner les chômeurs dans leurs recherches
et le partage des revenus pour créer et financer des emplois.
Je voudrais insister particulièrement sur cette notion d’accompagnement
qui fait l’originalité, de notre travail.
Chaque groupe comme le nôtre - il y en 100 en France - reçoit
des demandes d’accompagnement. Croyez bien que dans ce domaine,
il n’y a pas de pénurie ! A l’audition de ces demandes,
une fois par mois au sein de notre groupe, des binômes de volontaires
se constituent pour s’engager à accompagner un demandeur,
le temps qu’il faudra.
Ces binômes sont de préférence un homme et une femme
pour offrir un double regard à la personne aidée.
C’est là que commence un travail délicat. Aider la
personne à vérifier ses choix de vie, ses ambitions, parfois
ses changements d’orientation.
Travail d’écoute, de respect, de soutien discret. Petit à
petit, la confiance mutuelle et l’amitié apparaissent. Le
demandeur d’emploi n’est plus seul face aux dispositifs publics
d’aide à la recherche d’emploi. La personne en recherche
est soutenue sans être jugée, et stimulée dans sa
démarche.
Une fois par mois, les binômes se retrouvent pour échanger
sur les accompagnements en cours et partager les difficultés et
les réussites.
Croyez-moi, l’expérience montre que cette notion d’accompagnement
est une pratique efficace et subtile mais aussi une démarche fraternelle
qui change beaucoup de choses dans la vie des accompagnés et dans
celle des accompagnateurs.
Georges Loiseau
Parabole du figuier stérile
Jésus dit cette parabole :
« Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint
y chercher du fruit et n’en trouva pas.
Il dit alors au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher
du fruit sur ce figuier et je n’en trouve pas. Coupe le ! Pourquoi
faut-il encore qu’il épuise la terre ?
Mais l’autre lui répond : Maître, laisse-le encore
cette année, le temps que je bêche tout autour et que je
mette du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Sinon, tu le couperas. »
Dans notre groupe chômage cette parabole nous parle.
Qui est le propriétaire de la vigne ? Mais non ce n’est
pas Dieu ! C’est l’état, c’est la société,
c’est nous.
Qui est le jardinier ? C’est le service de l’emploi ou notre
groupe chômage. C’est vous aussi, face aux chômeurs
que vous connaissez.
Et le figuier stérile ? C’est le chômeur parfois, mais
pas seulement lui ! Qui peut se vanter de porter du fruit chaque jour
?
Mais ce que nous voulons vous dire aujourd’hui, nous qui pratiquons
l’aide chercheurs d’emplois, c’est que cette parabole
est une image très optimiste de la réalité que nous
connaissons
Ce jardinier est trop exemplaire. Et je te bêche, et je te mets
du fumier tout autour, c’est admirable !
Maintenant c’est bien souvent : Et je te convoque, et je t’annule,
et je te décourage, et je te re-convoque et j’annule au dernier
moment, et je déclare que tu n’es pas venu, et je te raye
de la liste des chômeurs indemnisés, et j’ai les félicitations
du maître de la vigne : Bravo ! Un figuier stérile de moins
!
Nous ne manquons pas hélas de témoignages de chômeurs
maltraités de façon scandaleuse. Heureusement il y a aussi
des succès, des redressements inespérés, des récoltes
miraculeuses.
Jacques de Vathaire
Ecoutez donc des témoignages de chômeurs, mêlés
à quelques versets des psaumes de David.
De Christine
Pourquoi sommes nous toujours reçus au service public de l’emploi
comme des indésirables, comme si l’on avait commis un délit,
et rarement avec un sourire, alors que ce n’est aucunement de notre
faute si nous sommes privés d’emploi.
De Maria
Pourquoi ce souci constant lors d’entretiens de recrutement
de vérifier la progression linéaire de ma carrière
? Aucun trou d’air, toujours plus de responsabilités. On
fouille le moindre détail pour déceler un vice caché.
Il faut tout expliquer, tout justifier, même le meilleur, car c’est
là que se cache peut-être la faute condamnable.
Du psaume 22 de David …. Souffrance et Espoir du Juste
Et moi je suis un ver et non pas un homme, honte du genre humain,
rebut du peuple, tous ceux qui me voient me bafouent, leur bouche ricane,
ils hochent la tête
Pourtant Yahvé c’est toi qui m’as tiré du ventre,
confié aux mamelles de ma mère.
Mais je suis comme un vase qui perd son eau, tous mes os se disloquent,
mon cœur est comme une cire qui fond, il se défait dans mes
entrailles
Ma langue colle à mon palais une bande de vauriens m’assaille,
ils m’ont lié les mains et les pieds, ils ont pu compter
tous mes os,
car ils me regardent et me guettent, ils partagent entre eux mes habits
et
tirent au sort mon vêtement.
De Jean-Marc
Après avoir écrit et contacté environ 170 responsables
de sociétés, à 55 ans, je commence à baisser
les bras
De Marianne
Une agence d’intérim m’a fait savoir que l’assistante
avec laquelle je devais travailler en binôme n’acceptait pas
d’intérimaire plus âgée qu’elle.
De Renaud
Comment expliquer le rejet de ma candidature d’embauche en raison
de mon âge, alors que je venais de terminer un contrat d’intérim
de 18 mois dans cette même entreprise ?
Du Psaume 38, de David…. Prière dans la détresse
Je suis enterré dans mes dettes, elles sont un fardeau trop
pesant pour moi, Je marche courbé, tout plié. Tout le jour
je vais et viens, l’air sombre
Mes reins sont pleins de fièvre, plus rien n’est intact en
mon corps,
je suis paralysé, tout courbatu ; je crie car au fond de moi c’est
un rugissement.
Mes plaies tiennent à distance amis et compagnons, mes familiers
se gardent d’approcher
J’ai dit « il ne faut pas que mes ennemis se réjouissent
qu’ils gagnent sur moi quand je perds pied »
Mais je suis comme un sourd, je n’entends pas, comme un muet qui
n’ouvre pas la bouche, comme un homme qui n’ayant rien entendu
et n’a rien à répondre.
D’Isabelle
Ma demande de rendez-vous, si difficilement obtenue, devient donc
par magie une Convocation de mon antenne emploi, convocation à
laquelle vous devez répondre sous peine de radiation.
De Monique
Je souhaite maintenir mon inscription au chômage car je cherche
toujours un autre emploi à temps complet ou un deuxième
emploi à temps partiel. Eh bien ! On veut me radier. Vous vous
rendez compte !
De Lucien
J’ai maintes fois demandé un entretien à mon antenne
emploi, avec pour seule réponse « on vous enverra une convocation
» Hélas en Juin j’ai reçu un recommandé
me prévenant de ma radiation, avec date effective en mai. Raison
invoquée : l’antenne m’aurait envoyé auparavant
une convocation puis une lettre de ‘menace’ de radiation auxquelles
je n’aurais pas répondu.
Du Psaume 31 de David… Prière dans l’épreuve
Aie pitié de moi Seigneur, l’oppression est sur moi,
les pleurs me rongent les yeux, mes forces sont brisées, ma vie
s’est fanée dans les peines, mes années dans les gémissements
; la misère a épuisé mes énergies, mes os
ne tiennent plus entre eux.
De mes adversaires je n’attends que mépris, mes voisins ont
peur de me rencontrer, mes familiers sont effrayés, ceux qui me
voient dans la rue s’éloignent.
Je suis sorti, de leur mémoire comme un mort, je ne suis plus qu’un
objet de rebut.
J’entends leurs calomnies : de tous côtés ce n’est
que terreur ; ensemble ils complotent contre moi car ils cherchent à
m’ôter la vie
Mais moi je m’en remets à toi Seigneur, c’est Toi mon
Dieu.
De Jean Marie,
Alors que j’étais inscrit à l’antenne pour
l’emploi des cadres de mon département, j’ai reçu
de l’administration une lettre me signalant que je venais d’atteindre
l’âge de 55 ans et que je pouvais être exempté
du contrôle mensuel de demandeur d’emploi, sans perdre mes
droits. J’ai signé et j’ai continué ma recherche.
Peu de temps après, quelle n’a pas été ma surprise
de recevoir une lettre me disant : « Vous n’êtes plus
considéré comme demandeur d’emploi puisque sur votre
demande vous avez demandé d’être exonéré
de recherche d’emploi » Cette façon d’agir est
un scandale.
Psaume 17 de David …Appel de l’innocent
Seigneur, à l’ombre de tes ailes cache moi aux regards
de ces impies qui me ravagent, garde moi comme la prunelle de tes yeux
Mes ennemis haletants font cercle contre moi.
Leur conscience est empâtée et leur bouche est pleine d’arrogance
Ils me surveillent et soudain ils m’encerclent, ils se préparent
pour me jeter à terre.
Psaume 13, de David…Appel confiant
Jusques à quand Yahvé m’oublieras-tu ? Jusqu’à
la fin ?
Jusques à quand me vas-tu cacher ta face ? Devrais-je sans cesse
garder en moi ma souffrance et dans mon cœur le chagrin tout au long
du jour ?
Mon ennemi sera-il toujours le plus fort ? Réponds moi Seigneur
mon Dieu. Que mes yeux voient ta lumière ou je m’endors avec
les morts.
Meditation pour le 11 Mars à la manière d’une
prière eucharistique
Te remercier et te louer voici la raison profonde de notre rassemblement
en ce dimanche. Te remercier déjà par le fait d’être
vivants et pouvoir jouir de la vie, de la nature, du monde même
s’il chauffe trop et trop mal. Goûter du bonheur partagé.
Te rendre grâce parce que tu nous accompagnes jour après
jour, parce que tu es avec nous et avec chacun, comme avec Moïse,
même si trop souvent on ne s’en rend pas compte. Même
si fréquemment on se demande si tu ne serais pas un peu sourd ou
si tu as un malin plaisir à faire la sieste.
Et pourtant tu nous dis que tu as entendu le cri de ton peuple, que tu
vois l’oppression dont il est victime, les souffrances dont il ne
faut pas chercher trop loin les responsables : nous les hommes.
Nous te remercions parce que tu nous dis : je vais descendre libérer
mon peuple. Et quelle descente ! On dirait presque une chute ! C’est
ton Fils même, notre Seigneur Jésus qui se fait l’un
des nôtres, n’ayant pas où récliner sa tête,
marchant à la rencontre des autres, des paumés, des exclus.
Accompagnant les perdus, les oubliés et abandonnés comme
Nidia jeune femme de 28 ans, mexicaine, vivant en France depuis 3 ans
et mariée, qui galère comme une malade pour avoir un travail,
baladée du bureau en bureau, classée comme étrangère,
refusée pendant des mois. Et pourtant elle avait tout pour plaire:
compétence, volonté et énergie. Des membres de la
communauté l’ont accompagnée et aidée. Et elle
a vu la lumière.
Aujourd’hui, Dieu notre Père notre communauté te remercie
pour elle et pour nous. .
Nous te remercions parce que ton Fils se fait notre prochain, notre accompagnateur
et c’est ainsi que nous le reconnaissons comme notre Seigneur.
Par Lui, notre Seigneur, pour Lui notre frère et notre accompagnateur
nous te remercions et nous te chantons.
Le figuier stérile. C’est à peu près ainsi
que l’arbre de ton fils a été jugé et jaugé
par beaucoup de ses contemporains. C’est de la sorte que la croix
de ton Fils est estimée par beaucoup d’hommes. Tant de belles
paroles pour finir sur un arbre stérile par excellence, l’arbre
de la mort. Un arbre au nom duquel on a stérilisé dans le
sens propre et psychique, dans le sens spirituel tant d’hommes dans
l’histoire. Une croix stérile qui n’empêche pas
le mal et le malheur, un arbre d’où il semble trop souvent
que l’on n’entend pas le cri de ton peuple.
Et pourtant. Et pourtant. Tu as changé le figuier stérile,
la croix de la mort en l’arbre de vie. Cet arbre que l’on
croyait stérile est devenu le symbole et l’expression d’une
vie donnée, d’un cri entendu, d’une souffrance combattue
et souvent vaincue. Oui tu as fait de l’arbre de la mort l’arbre
de la vie. C’est par ton Esprit vivifiant que tu as ressuscité
ton Fils, notre Seigneur, le crucifié qui s’est donne et
se donne toujours comme nourriture et source de vie. C’est lui que
nous allons partager ensemble dans ce pain et dans ce vin si ton Esprit
de vie encore une fois fait de ce pain et de ce vin la présence
vive de notre Seigneur. Et nous te le demandons.
En proclamant le mémorial de ton Fils, sa mort et sa résurrection,
en annonçant au monde que nous attendons son retour et l’accomplissement
total de l’espérance qu’il a fait germer dans notre
monde, nous te remercions une fois encore.
Bêcher encore, croire toujours. Voilà le programme qui découle
de notre action de grâce. Ne pas jeter l’éponge. Ne
pas fermer nos oreilles ni nos yeux. Ni nos comptes : nos comptes temps,
nos comptes argent. Avoir de la patience et de la constance. C’est
cela le chemin de la conversion, de la foi, de l’espérance
et de l’amour.
Que dans cette tâche ton Esprit nous accompagne. Qu’il accompagne
tous ceux qui partagent le corps et le sang du Christ. Qu’il fasse
de ton Eglise une communauté d’accompagnés et d’accompagnants,
ouverte et disponible à toutes les Nidia du monde. Qu’elle
entende plutôt les cris des hommes que le ronronnement des églises.
Et qu’elle descende, qu’elle descende travailler avec toi
pour libérer ton peuple.
Nous prions pour les morts et pour les vivants.
Jésus Asurmendi
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