Pâques
Marc 16-1,8
La
fête de Pâques est dite au cœur de la foi chrétienne et pourtant c’est,
populairement, une fête
bien moins grande que celle de Noël.
Au
premier regard, la fête de Noël repose sur un fait historique indéniable, la
naissance d’un enfant
repéré dans sa généalogie et dans le
temps. C’est une joie, la réponse à une attente d’un peuple : la
naissance du Messie.
Nous
voici à Pâques et là, certains disent que les problèmes commencent !
Oui,
il n’y a pas de fait historique de la Résurrection, il n’y a pas de récit :
qui peut oser raconter que celui en qui il a mit
toute sa confiance, qu’il croyait être le Messie,
est mort, tué sur une croix, comme un malfrat
et, de plus, que son corps a disparu!!
Qui
peut oser raconter qu’il n’a rien vu ou plus exactement qu’il a vu RIEN ?
C’est
autour de ce RIEN que nous sommes rassemblés ce soir.
Ce
drap qui a été la nappe du repas de fête de jeudi est devenu le voile du
silence en ce lieu de la
parole.
Il
nous a permis, vendredi, d’accueillir la mort et la Parole sans mot qui ouvre
au silence sidéral du
samedi.
Pas
de récit historique, et pourtant ce récit de Marc est tout à fait précis et
imagé :
les personnages sont nommés et repérés!:
Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé…
Le
temps est défini : quand le sabbat fut passé
le premier jour de la semaine
le soleil étant levé
Les
détails ne manquent pas : des parfums pour embaumer
qui nous roulera la pierre
elle était très grande…
un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe
blanche
Puis
la peur…
La
peur et une parole : il est ressuscité
mais la peur demeure, c’est inaudible !
elles se taisent
Le
silence de la mort est rompu par la parole de cet homme en blanc,
mais c’est inaudible, c’est inouïe !
Et
ce n’est que lorsque la Parole renaîtra entre les disciples, entre les
disciples et le Ressuscité que
la Résurrection prendra corps.
C’est
sur cette Parole échangée que la Résurrection se transmet depuis des
millénaires.
Si
cette parole se tait, si des hommes ne disent plus qu’il est ressuscité, que
nous le sommes avec lui
aujourd’hui comme hier, la Résurrection n’a
plus de sens.
Elle
se tait
sans parole, sans nos paroles,
sans incarnation dans nos vies, la Résurrection
n’existe pas, n’existe plus.
Christ
est ressuscité, nous sommes aujourd’hui le Résurrection.
La
parole n’est dévoilée en son lieu que dans la Lumière de la Résurrection
Elle
devient le lieu du repas, des mots qui donnent la vie.
Et
maintenant, laissons le lieu de la Parole se dévoiler et la table redevenir le
lieu de la fête.